La grande dureté du grès de teinte grise des carrières de l’Yvette en a fait un matériau employé pour le pavage de la voirie parisienne, dès 1750.

Auparavant, c’est la région de Fontainebleau qui, malgré la qualité médiocre de ses grès, était demeurée pendant des siècles la principale source d’approvisionnement de la ville de Paris, ceci grâce à sa proximité de la Seine qui facilitait le transport. Puis, après une ordonnance royale exigeant l’abandon de l’utilisation des pavés de Fontainebleau, Paris augmenta la proportion de ses approvisionnements en grès de l’Yvette en raison de sa qualité supérieure, malgré son coût élevé dû au transport.

L’exploitation du grès à Villiers.

La carrière du Bois des grais , la carrière du Fond de la cure (au nord du bois d’Aigrefoin, sur la route de Chateaufort), la carrière du Bois des roches (au-dessus du quartier des Fonds fanettes et jusqu’à Villiers-le-Bâcle) sont des carrières à ciel ouvert connues à partir du début du XIXe. Ce sont des carrières de GRES VIF : on y exploite un banc compact et enterré de grès dur, bon pour le pavé. Aux alentours de 1860 Villiers produit 70 000 pavés par an, sans machine ni moteur. Chaque ouverture de carrière bouleverse le paysage existant. Il faut déboiser, dégager la couche de terre de plusieurs mètres d’épaisseur qui recouvre le banc de grès.

En fin d’exploitation, la remise en état prévue est rarement effectuée, la végétation antérieure, anéantie n’est pas remplacée et on laisse s’opérer une reconquête spontanée, constituée principalement de bouleaux, acacias, ronces, genêts et fougères. Les fonds sablonneux des carrières, eux, n’ont pas été reconquis par la végétation.

 

L’abattage et la taille

   
Les blocs de grès extraits des carrières sont dégrossis par le marchant grèsier (celui qui possède ou exploite la carrière) puis façonnés aussitôt en pavés : la taille du grès est plus facile lorsque la roche conserve encore son humidité naturelle.


Les terrassiers

 
L’abattage du grès se pratique à la mine. Il s’agit d’une roche très résistante et le forage du trou de mine est long ; il exige le travail de deux hommes : l’un tient le burin à quatre faces, l’autre frappe doucement sur l’extrémité supérieure à l’aide d’une masse. Après chaque coup de masse, on tourne un peu le burin de façon à ce que les arêtes n’attaquent jamais le grès deux fois au même point.
Lorsque le grès écrasé embarrasse le fond du trou, on retire le burin, on jette de l’eau dans le trou et à l’aide d’un bâton que l’on agite verticalement, on fait rejaillir l’eau mélangée au grès.
 
Quand le travail est terminé, on introduit une charge de poudre. L’explosion entraîne la rupture et la chute d’une assez grande masse de grès. Elle occasionne aussi des cassures dans le banc.
Lorsqu’on s’aperçoit que des parties ne tiennent plus au banc, on en provoque la chute au moyens des fours : les fours sont des trous assez rapprochés que l’on pratique dans le sable sous le grès à abattre. On creuse ces fours au moyen d’une bêche dont le manche à plusieurs mètres de longueur.
Puis l’on réduit progressivement la quantité de sable sur lequel s’appuie le grès ; on supprime alors quelques unes des parties de sable qui séparent les fours et quand le bloc présente des signes d’affaissement on le laisse tomber de lui-même.
 


Les carriers

 
carrier Le dédoublage des blocs abattus s’effectue ensuite avec des coins de fer que l’on introduit dans un sillon préalablement creusé suivant des tracés précis. On obtient ainsi des morceaux plus maniables


Les piqueurs


 
piqueur Le pavé se fabrique sur un baquet plein de sable (taille au baquet). Les pavés « piqués » étaient réguliers, cubiques (0,23x 0,23), destinés au pavage des grandes avenues. Ce travail se fait à l’aide du ciseau et de la massette : un bon tailleur débite environ 10 pavés à l’heure ; il est payé au millier.


Les chatouts

 
Leur nom vient de la contraction de « touche à tout ». Ce sont des manœuvres employés au marquage, à l’empilage des pavés.